Un esclave bien propre, ça attire le touriste. C'est ce que semblent avoir pensé les responsables de la ville colombienne de Carthagène-des-Indes en préparant leur stand pour une foire-expo nationale, organisée au début du mois. Pour l'occasion, la ville fortifiée, principal port aux esclaves des Caraïbes sous la colonie espagnole, a engagé un Noir au physique d'athlète. En pagne, chaînes au cou et aux poignets, l'acteur imprégné de son rôle de «contexte historique» se gardait de sourire - peut-être n'avait-il pas de si bonnes dents - mais bombait biceps et pectoraux pour la photo, entouré de visiteuses aussi blanches qu'enthousiastes.
Un de ces clichés, diffusé sur le Net, a provoqué le scandale. «Carthagène permet que sa promotion touristique se fasse en humiliant une ethnie dont le seul péché est d'avoir construit la ville sans être payée», a réagi l'association de lutte contre le racisme, Chao Racismo. La présidence colombienne a déploré cette «atteinte à la dignité» et rappelé que la cité sera en avril le siège du sommet des Amériques auquel assistera «le président afro-américain le plus puissant du monde», Barack Obama. Le maire, Elias Terán, premier dirigeant noir de Carthagène, a réagi en limogeant une subalterne. Cette affaire vient torpiller des années d'efforts de la ville pour se créer une image chic et épurée. Des designers étrangers lui ont créé un logo digne d'un parfum - des volutes croisées dessinant un cœur - et affiné un