Dans un précédent ouvrage, le Choc des révolutions arabes, Mathieu Guidère, agrégé d'arabe et professeur d'islamologie à l'université de Toulouse-II, explique comment, grâce à une «histoire perceptive», il étudie les printemps arabes de l'intérieur, l'histoire immédiate vue par ceux qui la vivent.
Avec ces trois cartes, le Moyen-Orient vu de Grande-Bretagne, de France, ou des Etats-Unis, il est question de perspective…
Ces cartes n’existent pas. Elles sont dressées à partir d’études, de témoignages, d’écrits diplomatiques et militaires de ces trois pays. Ainsi la notion de Moyen-Orient ne recouvre pas la même chose suivant l’endroit d’où l’on parle. Elles décrivent les différences de perception d’une même région en Occident.
Pour les Américains, le Maghreb fait partie du Moyen-Orient…
Orient signifie est. Donc pour les Français comme pour les Britanniques, le Maghreb n'est pas à l'Est. Pour les Américains, non seulement il est à l'est géographiquement mais en plus historiquement : le Maroc, par la voie de son sultan, en 1760, fut le premier pays arabe à reconnaître la révolution américaine. D'ailleurs de Casablanca à Babel, on voit bien que dans l'imaginaire américain, le Maroc signifie Orient. Pour un occidental, la notion d'Orient est aussi synonyme d'exotisme, d'étrangeté.
Pour les Américains, le Moyen-Orient va jusqu'à l'AfPak, Afghanistan et Pakistan. C'est leur Middle East par rapport au Japon. Pour les Français, le Maghreb n'est même pas le Proche-Orient. Là des considérations coloniales interviennent, bien sûr. L'Afrique du Nord comprenait un département français. La notion d'Afrique du Nord est une créatio