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Libération
Récit

En Iran, la littérature en conversion officielle

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La censure accentue sa chasse aux mots bannis par la République islamique.
par Sanaz Ghadiri, correspondance à Téhéran et Azar Azimi, Correspondance à Téhéran
publié le 26 mars 2012 à 0h00

En Iran, les rayons des bibliothèques s'appauvrissent. Ecrivains, traducteurs et éditeurs indépendants connaissent de graves difficultés face aux caprices des censeurs. Traductrice d'œuvres de grands écrivains occidentaux, Sima vient de recevoir la dernière version de l'un de ses textes, «ajustée», selon le jargon des fonctionnaires du ministère de l'Orientation islamique, qui fait office de ministère de la Culture. Sur chaque page, des mots surlignés, des paragraphes à supprimer. Dans son texte, les expressions «relation amoureuse», «bouteille», «accouchement», «ivresse» et «danse» posent problème. Parmi d'autres.

La censure vise souvent les termes qui ont trait à la consommation d’alcool - interdite en République islamique -, l’amour, la sensualité ou le corps. Ce qui fait le malheur des interprètes et des écrivains iraniens. Un autre traducteur, responsable d’une collection d’ouvrages cinématographiques à Téhéran, raconte que dans son texte, «faire l’amour» a été remplacé par «discussion», «sexe» par «relation amicale», «cognac» et «whisky» par «boissons».

Ces derniers mois, la liste des mots interdits s'est allongée. «Il ne s'agit pas d'une "liste" en tant que telle, mais nous avons remarqué les uns et les autres qu'on nous reprochait l'emploi de ce vocabulaire… Autrefois, les employés du ministère de l'Orientation islamique cherchaient à ce que les livres paraissent avec une "adaptation" à leur goût. Aujourd'hui, ils veulent juste que nos ouvrages ne soient p