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Libération
Interview

«A Cuba, les libertés sont toujours mises à rude épreuve»

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Pour le philosophe Elizardo Sanchez, la visite du pape ne devrait rien changer à la nature du régime.
Le pape Benoît XVI et le président cubain Raul Castro, le 27 mars place de la Révolution à La Havane. (Photo Adalberto Roque. AFP)
publié le 27 mars 2012 à 0h00

Elizardo Sanchez écarte délicatement le rameau de bougainvillier qui s'échappe du grillage avant d'ouvrir la porte donnant accès au jardinet de sa maison du quartier de Playa, à La Havane. Arrivé dans son bureau, Sanchez allume un puro Cohiba et se cale dans un fauteuil encadré par deux cartes de l'île localisant les «prisons et camps d'internements» où le régime cubain embastillait jadis ses dissidents. A 69 ans, cet ancien «prisonnier de conscience» des années 80, préside la Commission cubaine des droits de l'homme et de la réconciliation nationale (CCDHRN), une organisation illégale mais tolérée par les autorités.

Les responsables de la Commission ont l'habitude de travailler en bonne intelligence avec l'église cubaine, et notamment avec le cardinal Jaime Ortega, négociateur de pointe dans les discussions pour la libération de prisonniers politiques ou d'opposants au régime. Mais Elizardo Sanchez «n'attend rien au plan des droits de l'homme» de la visite de deux jours que Benoît XVI a entamée hier dans l'île. «Le pape actuel n'est pas Jean Paul II», explique-t-il en référence au séjour historique de l'ancien souverain pontife à Cuba, en 1998. A l'époque, Jean Paul II avait célébré une messe devant 1 million de personnes sur la plus grande place de La Havane et demandé dans son homélie que «Cuba s'ouvre au monde et que le monde s'ouvre à Cuba». Il avait interpellé le gouvernement sur les droits de l'homme, mais également