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Libération

L’horizon arabe de l’Europe

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publié le 28 mars 2012 à 0h00

C’est pourtant clair, simple, évident. Loin d’être, pour l’Europe, le problème que l’on croit, loin de constituer cette imparable menace migratoire, identitaire et sécuritaire dont tant d’esprits courts agitent le spectre, le monde arabe est pour elle une solution à beaucoup de ses difficultés.

Cela semblera paradoxal mais quel est aujourd’hui le plus grand des maux dont souffre l’Europe ? Source de chômage, de stagnation de la croissance et de montée des nouvelles extrêmes droites et des tensions politiques, c’est la désindustrialisation, drame provoqué il y a maintenant trois décennies par la délocalisation des usines vers l’Asie et, principalement, la Chine. Attirées par de très bas salaires, l’absence de charges sociales et l’assurance qu’elles ne seront que rarement confrontées à des mouvements revendicatifs, les entreprises mettent le cap à l’est, y investissent, y créent des emplois et y transfèrent savoir-faire et technologie dans un cercle toujours plus vicieux.

Non seulement le travail fuit l’Europe, mais les délocalisations multiplient les délocalisations car l’arrivée sur les marchés européens de produits à bas coût concurrence et tue les entreprises qui n’ont pas fait ce choix du bénéfice facile et se retrouvent contraintes d’y céder sous peine de disparaître. Pour l’Europe, la Chine est un poison d’autant plus redoutable qu’elle est assez forte pour imposer un échange doublement inégal aux pays de l’Union grâce à la sous-évaluation de sa monnaie et aux obstacles