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Interview

«Abandonnée par le système, la jeunesse espagnole est déboussolée»

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Pour l'universitaire Matilde Alonso Pérez, les jeunes, diplômés ou non, sont les plus durement touchés par les effets de la crise en Espagne.
par Recueilli par Cordélia Bonal
publié le 29 mars 2012 à 12h13

Une génération pauvre, une «génération perdue», pour certains. Les jeunes Espagnols, frappés par un taux de chômage record en Europe, devraient être nombreux dans la rue ce jeudi, jour de grève générale pour protester contre de nouvelles coupes budgétaires et une réforme du travail qui vise à introduire plus de flexibilité. Des jeunes souvent qualifiés mais sans revenus, qui vivent avec le «sentiment d'être arrivés trop tard», décrit Matilde Alonso Pérez, professeure d'histoire économique à l'université Lyon-2, coauteure de Panorama de l'Espagne contemporaine ou 30 ans de transformations politiques, économiques, sociales et culturelles (éditions Ellipses).

Comment en est-on arrivé à ce taux de 50% de chômage chez les 15-24 ans, deux fois la moyenne européenne ?

En 2007-2008, l'Espagne n'avait «que» 8,5 % de chômage sur l'ensemble de la population. Aujourd'hui, on est à 23%. Ce sont les jeunes qui ont les premiers fait les frais de ce décrochage très brutal. Cela s'explique en partie par l'échec scolaire, très élevé en Espagne. Un jeune de 15 ans sur trois sort du secondaire sans diplôme. Surtout, beaucoup de jeunes ont déserté les études durant la période où il était facile de trouver du travail peu qualifié mais bien payé. L'Espagne avait enchaîné 60 semestres de croissance, on pouv