Jamais une élection partielle n’aura suscité autant de curiosités et d’attentes. Les législatives de dimanche en Birmanie ne changeront probablement pas le visage d’un pays aux mains de militaires qui, depuis cinquante ans, ont un lourd passif de scrutins annulés ou trafiqués. Seuls 45 sièges sont à pourvoir pour remplacer des élus nommés dans le premier gouvernement civil arrivé aux responsabilités il y a juste un an.
Mais, même partiel, ce vote constitue un test crucial pour un régime en quête de légitimité. Après une année de réformes inédites depuis le coup d’Etat de 1962, le président Thein Sein sait que la sincérité de son ouverture politique sera jugée à l’aune de ces élections. Celles-ci sont aussi un test pour l’opposante historique à la junte, Aung San Suu Kyi, et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). A 66 ans, la Prix Nobel de la paix idolâtrée par l’Occident et les Birmans s’apprête à troquer son statut d’icône de la démocratie contre celui de simple députée. Pour la première fois de sa vie, elle va siéger dans un Parlement verrouillé par ses anciens ennemis, dans la nouvelle capitale, Naypyidaw, qu’elle exècre. Ce scrutin ouvre dès lors une période d’incertitudes en Birmanie.
Le scrutin sera-t-il libre?
Certainement pas au regard des standards internationaux. D'ailleurs, Aung San Suu Kyi a regretté vendredi que cette élection ne soit pas véritablement «libre et juste». Les cas d'intimidation, de vandalisme, de censure, de