Après plusieurs mois de tergiversations, les Frères musulmans égyptiens ont finalement décidé de présenter un candidat à l’élection présidentielle qui doit se tenir fin mai. C’est le député Khairat al-Chater qui a été désigné, samedi, par la confrérie islamiste. Souvent présenté comme l’éminence grise de l’organisation, ce riche homme d’affaires de 62 ans à la stature colossale était, jusque-là, adjoint au guide suprême, fonction dont il a aussitôt démissionné.
Bras de fer. Réputé pour son libéralisme économique, il passe pour un moderniste au sein de la confrérie pour avoir favorisé l'émergence de jeunes Frères. Il n'en reste pas moins conservateur en matière de mœurs.
L’annonce de sa candidature, à une semaine de la clôture des inscriptions, est un coup de tonnerre sur cette élection présidentielle. Les Frères musulmans avaient jusque-là laissé entendre qu’ils ne brigueraient pas la présidence pour se concentrer sur le gouvernement et le Parlement, dont 50% des membres élus cet hiver appartiennent au Parti liberté et justice (PLJ), aile politique de la confrérie.
Ce retournement de situation intervient dans un contexte de crise politique aiguë. A l’exception des salafistes, tous les partis du pays reprochent à la confrérie ses velléités hégémoniques sur la vie politique du pays. Et en particulier d’avoir fait main basse sur l’Assemblée qui doit rédiger la Constitution. Depuis quelques semaines, un bras de fer est engagé entre les Frères et le Conseil suprême