L'offensive a été foudroyante. En quelques jours, trois des principales villes du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, sont passées aux mains de la rébellion touareg, mouvance composite divisée entre autonomistes et islamistes. La situation est suffisamment critique pour que le chef de la junte, Amadou Sanogo, qui a pris le pouvoir il y a deux semaines, en appelle à l'aide internationale. Et pour que le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, pointe le «péril islamiste». Qui sont ces rebelles, quels sont leurs objectifs ? Les explications de l'anthropologue André Bourgeot, chercheur émérite au CNRS, directeur du projet des «Nouveaux enjeux dans l'espace saharo-sahélien» de la Maison des sciences de l'homme.
Qui sont les acteurs de la rébellion touareg au Mali ?
La rébellion qui a repris depuis début janvier s’inscrit dans un cycle long : les rébellions de 1916-1917, 1963-1964, 2006-007 et, aujourd’hui, 2011-2012. Cette dernière a cependant un caractère inédit très fort, par les tendances qui la composent. D’une part, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), de tendance laïque et indépendantiste, dont le comité exécutif est exclusivement composé de Touaregs, et qui revendique l’indépendance de l’Azawad. Ce territoire recouvrant le Nord-Mali est une construction politique, sans