Est-ce le chant du cygne antisémite d'un brillant esprit plongé dans son crépuscule ? Ou un cri de vérité qui dérange une pensée occidentale bien bétonnée ? Mercredi, Günter Grass, le prix Nobel de littérature allemand, a frappé un grand coup en faisant publier Ce qui doit être dit, un long poème en neuf strophes où il attaque frontalement la politique d'Israël vis-à-vis de l'Iran. Il y renverse totalement les perspectives.
L'auteur du Tambour y dénonce non pas les menaces nucléaires proférées par Téhéran à l'encontre d'Israël, mais la volonté de ce pays d'attaquer préventivement le pays des mollahs avant qu'il ne se soit doté de la bombe. Il conteste ainsi le droit «autoproclamé» de «cet autre pays qui dispose depuis des années d'un arsenal nucléaire» à attaquer le premier. Pour lui, ce projet risque de conduire purement et simplement à «l'extermination du peuple iranien».
Avec les accents d'un Martin Luther brandissant sa vérité, Grass estime qu'il s'est trop longtemps tu : «Pourquoi ne dis-je que maintenant […] la puissance atomique d'Israël menace la paix mondiale déjà fragile ?» Il n'épargne pas ceux qu'il juge soutenir cette politique, dont son propre pays, l'Allemagne, livrant à l'Etat hébreu matériel de guerre et sous-marins. Grass veut donc briser le «silence généralisé» et lever le «mensonge pesant» qui s'explique, selon lui, par le fait que «le verdict d'antisémitisme tombera automatiquement