Pas drôle d’être un paysan en Ethiopie ou un réfugié somalien, mais on sait qu’il y a plus terrible: être leur femme. Encore qu’il vaille mieux être une femme qu’un âne - l’Ethiopie détient le record du nombre d’ânes au monde après la Chine - qu’on frappe sans cesse à coups de bâton et de pied pour qu’il avance en traînant une charrette surchargée. D’ailleurs, comme partout, c’est l’homme qui conduit la bagnole (la charrette).
Reçu ce matin un mail de Paris : «C'est comment le 8 mars en Afrique ?» Bien sûr, la Journée internationale de la femme, comment avais-je pu oublier ? Nous sommes dans le campement fortifié de l'ONU et du Programme alimentaire mondial (PAM) à Dolo Ado, dans le sud du pays, à la frontière avec la Somalie. Impossible de téléphoner dans ce lieu hérissé de barbelés et de murs de protection contre les attentats terroristes des shebab, les islamistes somaliens associés à Al-Qaeda. Mais le wi-fi a été installé, on peut surfer sur Internet, tout en regardant le soir Al-Jezira avec les travailleurs de l'humanitaire.
C’est ici qu’est installé le QG de l’aide internationale qui, avec le gouvernement éthiopien, fait fonctionner les camps de Dolo Ado où vivent 150 000 réfugiés somaliens. L’été dernier, fuyant la sécheresse exceptionnelle, et la guerre, ils étaient 2 000 à franchir chaque jour le pont minuscule au-dessus de la rivière polluée qui sépare, sans aucun signe ou barrière, Dolo Ado Somalie de Dolo Ado Ethiopie. Nous en voyons encore quelques centai