Ils ont tous les trois été arrêtés, au début de l'année 2011, quelques instants avant de commettre un attentat, ou juste après, au nom d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) contre les ambassades de France à Nouakchott (Mauritanie) et Bamako (Mali). Depuis, Youssef, Essalek et Béchir, âgés de 26 à 30 ans, sont emprisonnés dans ces deux pays, dans l'attente de leur jugement. Ils ont été longuement interrogés par la police sur leur recrutement et leur entraînement à l'intérieur de camps d'Aqmi situés en plein désert, dans le nord du Mali. Alors que les groupes islamistes ont étendu leur emprise sur la région, à la suite d'un coup d'Etat à Bamako, Libération a pu consulter les auditions de ces trois apprentis jihadistes. Des témoignages très rares sur l'organisation des katiba («brigades») et le quotidien de ces jeunes recrues qui oscille entre violence et ennui.
Le recrutement
«Un homme a commencé à m’attirer, me disant qu’il pouvait m’aider pour avoir une vie heureuse et pour gagner des sommes d’argent»
Il suffit parfois d'une rencontre, d'une proposition et de l'absence de perspectives pour que les jeunes basculent. Youssef C., un ressortissant de Guinée-Bissau de 29 ans, raconte à la police mauritanienne comment un certain Akrama, croisé en 2001 à l'occasion d'une formation «pour la prédication», l'a incité à rejoindre les rangs d'Aqmi. C'était en mai 2009. «Il portait sur lui d'importantes sommes d'argent, se souvient le je