Le Mali est un cas d’école. Première leçon : même en Afrique, parent pauvre de l’Etat de droit, le coup de force des militaires maliens a choqué. Les pays de la région ont, en quelques jours, obtenu de la junte qu’elle rende le pouvoir et que, finalement, une transition constitutionnelle s’instaure à Bamako. Tout comme l’Afrique de l’Ouest avait pris parti contre le président Gbagbo en Côte-d’Ivoire. On peut disputer la crédibilité démocratique de certains pays membres de la Cedeao, notamment du Burkina Faso de Compaoré. Il reste que les pays de la région ont récusé la junte militaire qui a renversé Amadou Toumani Touré, président régulièrement élu et qui portait bien son surnom de «soldat de la démocratie».
Second enseignement du coup d’Etat et de la partition du pays qui l’a suivi, la crise malienne est aussi un rejeton de l’affaire libyenne. Les apprentis sorciers qui ont renversé Kadhafi ont de toute évidence sous-estimé la déflagration régionale qu’a amenée la fin brutale de la Jamahiriya. Le prix de la «démocratie» à Tripoli - qui paraît toujours plus lointaine - sera-t-il la contamination islamiste de toute la sous-région et l’instauration de la charia dans le nord du Mali ? Les meurtres et les viols de Gao à Tombouctou sont le fait de soldats perdus, mercenaires en Libye devenus petites frappes des groupes islamistes et criminels qui ont récupéré armes et main-d’œuvre. L’Afrique est totalement absente d’une campagne électorale française particulièrement nombriliste. I