Menu
Libération
Reportage

Touaregs et jihad déchirent le Mali

Article réservé aux abonnés
Réfugiées à Bamako ou terrées chez elles, les victimes des crimes commis par les islamistes dans le nord du pays témoignent.
publié le 8 avril 2012 à 21h46

Ils ont fui le nord du Mali passé sous le contrôle de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) - qui a proclamé, vendredi, l’indépendance de l’Azawad (le pays touareg) - et des bandes jihadistes tels Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar ed-Dine, groupe touareg islamiste radical.

L'avocat cheikh Omar Coulibaly, 56 ans, a regagné Bamako hier dans la matinée après vingt-quatre heures de transport. Il était arrivé à Gao le 18 mars pour plaider. Il en est reparti «en convoi de dix véhicules» ce samedi à l'aube : «Les rebelles du MNLA ont racketté chaque voiture à hauteur de 50 000 francs CFA [environ 77 euros, ndlr] au départ ; puis à Gossi, à 160 km au sud, on nous a fait descendre et pris les clés. Un type reconnaît mon chauffeur, un gendarme, en civil. Puis l'embarque dans la brousse. J'ai fini en autocar.» L'avocat Coulibaly a vécu caché du 31 mars au 7 avril dans un recoin de la clinique juridique de Gao en se nourrissant de biscuits et de lait : «Depuis trois jours, les coupures d'eau sont incessantes et il n'y a plus d'alimentation électrique. Les gens du MNLA et d'Ansar ed-Dine utilisent les populations qui n'ont pas pu partir comme bouclier humain.» Il estime «les rebelles membres d'Aqmi et d'Ansar ed-Dine à près de 3 000 sur Gao». Toutes les agences bancaires ont été pillées, sauf la Banque nationale de développement agricole, où «les membres du MNLA auraient un compte», cro