La prière du crépuscule vient de se terminer. Face à une mosquée nichée dans les ruelles de Bab Souika, quartier historique du centre de Tunis, une maison arabe accueille ce soir, dans sa cour intérieure, une réunion des militants de la section locale d'Ennahda. Trois jours plus tôt, le parti islamiste a annoncé qu'il ne défendrait pas l'inscription de la charia dans la Constitution. Sami Triki, jeune cadre du parti, vient faire le service après-vente auprès des adhérents. Beaucoup sont déçus, veulent des explications. «Les cinq premières minutes, j'étais fâché. Puis j'ai compris le truc : sur le fond, je reste contre, mais nous devons respecter la réalité du peuple tunisien», explique Amine, à la sortie de cette réunion. Ahmed fustige la résistance des «zéro virgule», ainsi que beaucoup d'islamistes désignent leurs adversaires de la gauche laïque, pour railler leurs scores aux élections et leur contester toute légitimité populaire. Mais, juge-t-il aussi, «peut-être qu'il y a des mots qu'il ne faut pas dire directement. Cela peut blesser dans leurs croyances ceux qui n'ont pas voté Ennahda». «Les responsables [du parti, ndlr], ils sont plus rationnels que nous, on respecte leur décision. Nous, on insiste pour mentionner la charia, on est un peu sentimentaux», explique Taoufik Missaoui, diplômé, chômeur, quadragénaire et affable bénévole de la section.
Ménager. Surprise par la vivacité de la réaction de sa base, Enn