Le sujet pourrait n'être abordé par les présidents qu'en privé, dans les salles climatisées du port colombien de Carthagène-des-Indes. Mais ce sera, espèrent les organisateurs, le «début d'un grand débat mondial». Le VIe sommet des Amériques, qui doit réunir ce week-end 33 chefs d'Etat et de gouvernement du continent, va, pour la première fois à ce niveau de pouvoir, évoquer l'échec de la politique globale d'interdiction des drogues.
Prohibition. Plusieurs dirigeants devraient même parler légalisation, sous l'œil réprobateur de Barack Obama. «C'est historique, souligne l'analyste vénézuélien Moisés Naím. La conviction selon laquelle la politique antidrogue ne peut être modifiée s'est brisée.» Plus de quarante ans après la déclaration de «guerre» aux stupéfiants du président américain Richard Nixon, et sa propagation dans le sud du continent, les Latino-Américains se rebiffent contre la stratégie de répression. Trop coûteuse, trop meurtrière, trop inefficace. «C'est comme faire du vélo d'appartement, estime le président colombien Juan Manuel Santos. On pédale et on reste sur place.»
Le dirigeant libéral rappelle que son pays, premier producteur mondial de cocaïne, «a souffert plus que tout autre» du trafic entraîné par l'interdiction : attentats, réfugiés, institutions corrompues… Son homologue guatémaltèque, l'ancien général conservateur Otto Pérez, s'est insurgé dimanche dernier dans le quotidie