C'est une armée forte de sa popularité dans les régions sunnites mais faible de son manque d'armes, d'équipement, d'état-major - il n'y a pas de commandement central - et par sa forte fragmentation. Au départ, constituée de déserteurs, l'Armée syrienne libre (ASL) intègre à présent une majorité de civils, pour l'essentiel des habitants des régions sunnites qu'elle contrôle. Elle compterait entre 10 000 et 20 000 combattants. «C'est assez pour faire saigner le régime, pas assez pour le renverser», souligne un chercheur, qui a requis l'anonymat. En revanche, elle n'a pas réussi à rallier les autres minorités, déjà peu présentes lors des manifestations.
Parmi ses principaux points faibles, de graves problèmes de communication entre les différents groupes, d'autant que ceux-ci sont généralement situés à la périphérie du pays : Homs, Deraa, Jisr al-Choughour. Aussi, les officiers doivent-ils régulièrement risquer leur peau le long de pistes incertaines pour se rencontrer. C'est ce qui a failli coûter la vie, le 18 février, au colonel Abou Saïd (1), en charge d'une bonne partie du district autour de la petite ville d'Al-Koussayr, région stratégique qui permet l'accès à Homs depuis le Liban. Revenant d'une réunion d'officiers déserteurs à bord de sa voiture, il a été arrêté à un barrage mobile de la Sécurité syrienne, puis frappé d'une balle en pleine tête, en tentant de s'enfuir, et laissé pour mort. Les villageois, qui ont recueilli son corps, se sont aperçus qu'il respir