Menu
Libération
Reportage

A Bamako : «Je suis prêt à mourir les armes à la main»

Article réservé aux abonnés
Les jeunes Maliens sont nombreux à vouloir s’enrôler pour reprendre le Nord aux Touaregs et aux islamistes. Certains recruteurs peu scrupuleux en profitent.
Des manifestants appellent à la «libération» du nord du Mali, à Bamako, le 10 avril 2012. (Photo Joe Penney. Reuters)
publié le 18 avril 2012 à 20h56

Son destin, dit-il, l'a porté «jusqu'à l'heure décisive». Il se présente simplement : «Monsieur Traoré, 22 ans, employé de mairie dans le Nord.» C'est pour lui l'heure de l'engagement militaire. Du moins le pense-t-il. Moussa Traoré vient de faire la queue dans l'enceinte de la caserne de Kati, à vingt minutes de Bamako. C'est là que l'ex-junte du capitaine Sanogo avait fomenté le coup d'Etat du 22 mars. Ils sont chaque jour une petite centaine à donner leur nom à un scribe en civil qui fait dos à une mitrailleuse. Le type note et passe au suivant. Une fois leurs nom et téléphone couchés sur une feuille d'émargement, les jeunes gens repartent à pied ou sur des deux-roues pétaradants.

Les motifs sont toujours les mêmes : «Reprendre le Nord» ou «le Mali ne peut être divisé». La junte a pris les devants en déclinant «toute responsabilité dans ces enrôlements» qui se déroulent sous les yeux mêmes de militaires qui n'y trouvent rien à dire et vendent en douce des badges du capitaine contre un billet de 2 000 francs CFA (3 euros).

En réalité, la plupart des aspirants soldats ne rejoindront jamais l'armée. Ce qui n'empêche pas certains recruteurs de délester ces jeunes gens d'une partie de leurs économies, comme celui-ci, qui s'est fait gruger de 50 000 francs CFA. L'armée malienne, au fond indifférente à ces engagés de la dernière heure, «ne pourra intégrer ces jeunes patriotes faute de matériel», dit un jeune officier, le visage