Il est près de midi samedi lorsque trois jeunes barbus plutôt avenants descendent d'un minibus sur la Potsdamer Platz, au centre de Berlin. En quelques minutes, ils étalent des dizaines d'exemplaires du Coran sur une petite table. Chacun peut se servir. «Lis !» est écrit en lettres d'or sur le tee-shirt arboré par les activistes du groupe «La vraie religion». Quelques passants s'approchent. Pour la plupart des Allemands, curieux de lire quelques extraits du Coran. «Pouvez-vous me montrer où il est écrit que le Coran demande aux femmes de se voiler ?» demande un homme. Son interlocuteur feuillette l'ouvrage, ne trouve pas le passage cherché, s'énerve…

Berlin fait partie des 38 villes, dont Hambourg, Kiel ou Lübeck, où le Coran a été distribué par un groupe musulman extrémiste, à 300 000 exemplaires au total, depuis l’automne. Une action qui inquiète les services de renseignements et suscite un vaste débat dans le pays. L’homme d’affaires Ibrahim Abou-Nagie, un salafiste de Cologne, prévoit de distribuer gratuitement 25 millions de traductions allemandes de l’ouvrage à travers le pays, mais aussi en Autriche ou en Suisse.

350 salafistes vivent à Berlin, 3 000 à 5 000 dans le pays, où le nombre d'adeptes de ce courant radical revendiquant un retour aux origines de l'islam ne cesse de progresser. La majorité d'entre eux estiment que le jihad est avant tout intérieur à chacun. «Mais presque toutes les structures terroristes à ce jour identifiées en Allemagne s