Pendant plus de 50 ans, l’Israélienne Leïla Jabbarine, juive convertie à l’islam, a caché son secret à sa famille musulmane : sa naissance dans le camp d’Auschwitz.
Ses huit enfants et 31 petits-enfants membres de la minorité arabe d’Israël, à Oum el-Fahem, dans le nord du pays, savaient certes qu’elle était née juive sous le nom de Helen Brashatsky.
Mais ils ignoraient que Leïla, yeux bleus et peau pâle sous son voile, avait vu le jour à Auschwitz, où un million de juifs ont été exterminés par l’Allemagne nazie.
« J'ai caché ma peine pendant 52 ans et la vérité sur mon passé à mes enfants et petits-enfants. Je leur ai caché ma naissance à Auschwitz et ne leur ai pas parlé de ce passé douloureux. J'attendais le moment pour le faire », explique cette femme de 70 ans.
Ce moment est arrivé la semaine dernière, explique-t-elle, quelques jours avant les cérémonies marquant en Israël le jour de la Shoah, jeudi.
Sa mère et son père, originaires respectivement de Hongrie et de Russie, vivaient en Yougoslavie quand ils sont déportés à Auschwitz en 1941.
Un médecin du camp aide la jeune femme à accoucher de leur troisième enfant, Helen, et prend ensuite sous sa protection la famille. Il les cache chez lui, dans sa maison à l’intérieur du camp, employant sa mère comme employée de maison et son père comme jardinier.
« Je me souviens des pyjamas rayés noir et blanc et des terribles passages à tabac dans le camp », confie Leïla, s'exprimant dans un mélange d'hébreu et d'arabe.