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TRIBUNE

Syrie : processus vital engagé

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par Jacques Bérès, Chirurgien, président des Enfants du canal (cofondateur de MSF) et Didier Peillon, Médecin urgentiste, président de Solidarité hospitalière
publié le 22 avril 2012 à 19h07

Nous avons passé plusieurs semaines en Syrie, il y a moins d'un mois. Lors de ce séjours nous avons vu des malades, des blessés et des médecins. Les deux confrères syriens avec lesquels nous avons le plus travaillé, dans ce gouvernorat rural de Idlib, avaient, comme tant d'autres, purgé des peines de prison, simplement pour avoir exercé leur activité de soignants sur des manifestants blessés au temps des premières manifestations pacifiques. L'un des deux avait eu la chance de ne pas être torturé. Les soignants sont des cibles prioritaires en Syrie. La phrase des médecins syriens est : «C'est au moins aussi dangereux d'être pris en train de soigner que les armes à la main.» Nous sommes de simples humanitaires. Notre extrême rareté à l'intérieur de la Syrie ne nous confère aucun droit à mettre en doute les dires de nos collègues locaux, pas davantage à porter des avis sur l'évolution de la tragédie en cours. Ce que nous avons pu observer, c'est que des médecins, des infirmiers et des pharmaciens sont délibérément assassinés. Tout hôpital, tout local de soins est ciblé aussitôt qu'il a été repéré. Nous en avons fait la désagréable expérience à deux reprises.

L’équation se pose donc ainsi : soit aller soigner dans des zones où se trouvent de nombreux blessés et, par là même, se transformer en cible avec des risques considérables pour les participants locaux, soit essayer d’aménager quelque chose dans un secteur encore calme, au risque de n’avoir que peu d’utilité du fait