Echaudé par l'arrivée en bateau de plusieurs centaines de Tamouls au cours des dernières années, le gouvernement canadien veut imposer une détention systématique d'un an aux demandeurs d'asile soupçonnés d'avoir bénéficié des services de passeurs. Le but : décourager les fraudeurs et montrer, selon le ministre de l'Immigration, que le Canada n'est plus la «carpette du monde». Pierre angulaire d'un projet de réforme du droit des réfugiés, cette mesure inquiète autant qu'elle énerve. «C'est la première fois qu'on prend des mesures punitives contre les réfugiés», déplore Nathalie Des Rosiers, avocate et directrice de l'Association des libertés civiles canadiennes. Le pays compte déjà plusieurs centres de détention conçus spécialement pour les immigrés en situation irrégulière et les demandeurs d'asile, si les autorités ont des doutes sur leur identité.
Si ces «centres de prévention de l'immigration» ne sont pas des prisons, ils en ont tout l'air. Les bâtiments sont ceinturés de barbelés, les visiteurs sont fouillés à l'entrée et les détenus, menottés. L'incarcération se révèle souvent traumatisante, autant pour les adultes que pour les enfants. Mais cette détention est régulièrement soumise à l'approbation d'un juge, et les séjours ne durent qu'un mois en moyenne. C'est ce garde-fou que la réforme conservatrice veut supprimer : les demandeurs d'asile devront plutôt attendre un an avant de pouvoir rencontrer un juge.
Pour les juristes canadiens, comme po