Il était déjà devenu un personnage de roman, sous la plume de l’écrivain américain Russell Banks : Charles Taylor est entré hier dans l’histoire, la vraie, en devenant le premier ex-chef d’Etat condamné par un tribunal international. Reconnu coupable de crimes contre l’humanité à l’issue d’un procès qui s’est déroulé à La Haye, aux Pays-Bas, ce métis de père américain et de mère américano-libérienne a été impliqué dans deux des plus atroces guerres civiles qu’a connues l’Afrique dans les années 90.
Chef de l'une des factions qui se disputaient le pouvoir au Liberia à partir de 1989, il encouragea alors ses troupes d'enfants soldats à se livrer à une surenchère macabre : viols, pillages, mutilations et même cannibalisme, qui transformèrent le pays en enfer. Jusqu'à ce qu'il soit élu… président du pays en 1997, recueillant 75% des voix avec ce slogan : «Il a tué ma mère, il a tué mon père et je vote pour lui». En réalité, anéantis par dix ans d'inhumanité, les Libériens savaient qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de le laisser accéder au pouvoir en échange de la paix.
Pourtant, ce n'est pas pour son implication dans cette spirale sanglante que Charles Taylor a été condamné, hier. Mais pour son rôle dans le conflit du pays voisin, la Sierra Leone. Au Liberia, la justice a été sacrifiée sur l'autel de la paix après la guerre civile. Il en ira autrement en Sierra Leone, petit pays réputé pour ses plages splendides et ses mines de diamants, contaminé dès 1991 par la vio