Alphaville. Pour les Français, ce nom renvoie au film de Jean-Luc Godard, l’histoire d’une cité déshumanisée, peuplée d’avenues rectilignes et d’immeubles longilignes. Au mitan des années 60, le cinéaste de la Nouvelle Vague y dénonce la brutalité du totalitarisme administratif, d’un futur proche, d’un passé lointain, des règles pour le parc humain qui vont du zéro à l’infini, en passant par 1984.
Alphaville, pour les Brésiliens, représente un projet pionnier, sorti du cerveau de deux promoteurs immobiliers, Yojiro Takaoka et Renato Albuquerque, au tournant des années 70 : installer une cité satellite à une vingtaine de kilomètres de São Paulo, comme Alphaville à quelques années-lumière de la Terre. La ville nouvelle dans tout son éclat, tout à la fois terreau d’entreprises qui font lustrer leur sigle sur de grands immeubles, comme Hewlett-Packard qui fut à la genèse de ce chantier, et terrains à bâtir où viennent se calfeutrer les classes moyennes et aisées. La référence à la fable de Godard est explicite, non sans une pointe d’ironie.
Contrôle optique, magnétique ou digital
2011, retour à la réalité. Le futur d'hier s'étale désormais à perte de vue dans ce pays «d'avenir» (le mot est de De Gaulle, en visite dans les années 60) qu'est le Brésil. Il y a belle lurette qu'Alphaville est sorti de terre du côté des communes de Barueri et de Santana de Parnaíba : 55,9 km2 pour un total de 13 074 résidences. 43 500 habitants vivent là, planqués dans une succession de condomínios fechados (ence