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Libération
Reportage

Alphaville Favela fric

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Bâti au début des années 70, près de São Paulo, le complexe de quartiers sécurisés pour familles aisées est prisé par les nouvelles classes moyennes. Le modèle fait des émules au Brésil. Tour du propriétaire.
publié le 27 avril 2012 à 19h06

Alphaville. Pour les Français, ce nom renvoie au film de Jean-Luc Godard, l’histoire d’une cité déshumanisée, peuplée d’avenues rectilignes et d’immeubles longilignes. Au mitan des années 60, le cinéaste de la Nouvelle Vague y dénonce la brutalité du totalitarisme administratif, d’un futur proche, d’un passé lointain, des règles pour le parc humain qui vont du zéro à l’infini, en passant par 1984.

Alphaville, pour les Brésiliens, représente un projet pionnier, sorti du cerveau de deux promoteurs immobiliers, Yojiro Takaoka et Renato Albuquerque, au tournant des années 70 : installer une cité satellite à une vingtaine de kilomètres de São Paulo, comme Alphaville à quelques années-lumière de la Terre. La ville nouvelle dans tout son éclat, tout à la fois terreau d’entreprises qui font lustrer leur sigle sur de grands immeubles, comme Hewlett-Packard qui fut à la genèse de ce chantier, et terrains à bâtir où viennent se calfeutrer les classes moyennes et aisées. La référence à la fable de Godard est explicite, non sans une pointe d’ironie.

Contrôle optique, magnétique ou digital

2011, retour à la réalité. Le futur d'hier s'étale désormais à perte de vue dans ce pays «d'avenir» (le mot est de De Gaulle, en visite dans les années 60) qu'est le Brésil. Il y a belle lurette qu'Alphaville est sorti de terre du côté des communes de Barueri et de Santana de Parnaíba : 55,9 km2 pour un total de 13 074 résidences. 43 500 habitants vivent là, planqués dans une succession de condomínios fechados (ence