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Interview

Los Angeles : barrio contre ghetto

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Points de vue et cartes du monde avec les Editions Autrement
publié le 27 avril 2012 à 19h06

Le 29 avril 1992, des émeutes éclataient dans le sud de Los Angeles, après l’acquittement des policiers qui avaient passé à tabac un jeune Afro-Américain, Rodney King, l’année précédente. La scène avait été filmée par un riverain. Pendant six jours, le quartier va se retrouver à feu et à sang, il y aura cinquante-sept morts. Gérard Dorel, géographe et spécialiste des Etats-Unis, insiste sur les relations entre les communautés dans cette partie de la ville.

Pouvait-on prévoir ces événements ?

Avant d’aborder les émeutes de South Central en avril 1992, il faut rappeler celles de Watts en 1965, également un quartier du centre-sud de Los Angeles. C’est là qu’eurent lieu les premières émeutes noires à l’ouest des Etats-Unis, auparavant c’était plutôt à Chicago (dès 1919) ou sur la côte Est. Watts, dans les années 60, comme Harlem à New York, est l’archétype du ghetto noir, où le moindre incident avec les forces de l’ordre provoque une explosion de violence. Les images télévisées du matraquage de Rodney King poussèrent au paroxysme la tension entre groupes ethniques.

Peut-on vraiment dire que Los Angeles est une ville ?

En fait, c’est une immense nébuleuse urbaine. La ville elle-même (4 millions d’habitants) est au cœur d’un conglomérat polynucléaire de 131 municipalités mal structurées par un réseau autoroutier disparate et qui, ensemble, comptent 18 millions d’habitants.

Une configuration propice aux affrontements entre communautés…

A South Central, en 1992, le choc se produit entre les Noirs et les Latinos, mais tous s’accordent pour s’en prendre aux commerçants asiatiques, essentiellement coréens, qui vont apparaître un peu comme