Dossard fluo sur les épaules, matraque à la main, l'agent de sécurité scrute le quai à moitié vide. Il n'est que 6 h 15 du matin à l'arrêt de métro General Osório qui dessert la somptueuse plage d'Ipanema, à Rio de Janeiro. La sonnerie retentit. Un passager déboule de l'escalier et tente de s'engouffrer dans la rame exclusivo para mulheres. C'est la première victime de l'agent de sécurité. Pas la dernière. Sa mission : empêcher les hommes de pénétrer dans ce wagon «exclusivement réservé aux femmes» le matin, de 6 heures à 9 heures, puis le soir, de 17 à 20 heures. Pendant ces six heures de pointe, les femmes et rien que les femmes peuvent accéder à ces compartiments reconnaissables grâce à des petits panneaux indicatifs, mais aussi à la couleur des publicités qui les recouvrent : roses, pour cibler les usagères de ces véhicules spéciaux.
Cette «ségrégation» n’a pas été décidée par MetroRio, la compagnie qui gère les deux lignes de la «cité merveilleuse» et ses 35 stations. Elle a été instaurée par une loi, votée en 2006, le 8 mars, Journée internationale des femmes, sur proposition de la gouverneure de l’Etat de Rio, Rosinha Matheus, faisant de la ville du carnaval l’une des rares au monde, avec Tokyo et Mexico - si l’on excepte les pays musulmans où cette séparation existe pour des raisons religieuses - à avoir opté pour des wagons féminins dans son métro. Les femmes représentent 54% des passagers selon MetroRio. Pour les nombreuses Cariocas qui, lassées d’un harcèl