Géographe, Amaël Cattaruzza est spécialiste de géopolitique. Il travaille sur les pays d’ex-Yougoslavie et sur les dynamiques de fragmentation territoriale. A la veille des législatives en Serbie, dimanche, il décrypte la carte de Belgrade.
Comment définir la capitale serbe ?
Belgrade est un espace qui demeure attractif et en croissance démographique par rapport au reste de l’espace serbe. La ville a été pendant les conflits des années 90 un site d’accueil des réfugiés serbes de Croatie, Bosnie-Herzégovine, mais aussi, dans les années 2000, des réfugiés du Kosovo. Avec 1,2 million d’habitants, elle semble disproportionnée par rapport à un pays qui en compte 7 millions. Elle fut successivement capitale du royaume de Yougoslavie, de la Yougoslavie socialiste… pour se retrouver aujourd’hui capitale de la Serbie, aux frontières et à la population plus resserrées. Cette situation particulière est visible dans les artères centrales de la ville, larges boulevards aux allures haussmaniennes, jusqu’aux majestueux bâtiments de Knez-Mihailova (principale avenue).
Belgrade a été longtemps une ville frontière entre les Empires ottoman et austro-hongrois. La forteresse Kalemegdan surplombant le Danube était un poste stratégique de l’Empire ottoman, face à Zemun, la ville austro-hongroise, de l’autre côté de la Save, elle aussi bastion militaire. L’urbanisation du pays s’est accélérée à partir des années 50 sous Tito. Cela explique la construction du bâti de Novi Beograd, dont le plan en damier suggère le style architectural d