Le long de la route en latérite, une dizaine de huttes vides signalent le village de Panakuach, totalement déserté de ses habitants depuis plusieurs semaines. Des vêtements militaires, des boîtes de conserve et des douilles de différents calibres jonchent le sol. Quelques véhicules militaires sont dissimulés sous les arbres, et les soldats sont dispersés dans la brousse. Des trous de taille d'homme ont été creusés sur cette position de l'armée sud-soudanaise pour se protéger des attaques aériennes quasi quotidiennes de Khartoum. «Quand les hélicoptères sont venus l'autre jour, raconte le lieutenant-colonel Angelo Lado, nous n'avons pas eu assez de temps pour répliquer, on a juste couru pour se jeter dans nos abris.» L'armée soudanaise utilise principalement des Antonov, mais aussi des avions de chasse Mig ou Sukhoi, pour viser les positions des troupes sudistes sur la zone frontalière, sans faire toutefois beaucoup de victimes, car le but est surtout de faire peur.
Le 10 avril, le Soudan du Sud s’est emparé d’Heglig, située à une vingtaine de kilomètres au nord de Panakuach. Cette zone pétrolière est vitale pour Khartoum, car elle produit la moitié de son or noir. Au bout de onze jours, sous la pression de la communauté internationale, Juba (capitale du Sud) a fini par ordonner un repli, mais depuis la situation reste volatile : les bombardements le long de la frontière sont fréquents, des combats sporadiques éclatent.
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