«Comment ? Vous ne voulez pas d'un paquet d'aides pour stimuler notre économie ?» braille Neto dans son mégaphone. Tandis que son compère Falâncio joue de la guitare, le saltimbanque moustachu harangue le garde du ministère des Finances tout en désignant l'opulent fessier d'une Brésilienne glamour qui accompagne le duo. «Vous êtes fou de ne pas en vouloir. Un pareil paquet d'aides, alors que notre économie est moribonde ! De l'aide étrangère, en provenance du Brésil !» crie-t-il. La scène se passe au bord du Tage, dans le Lisbonne monumental et administratif, devant les arcades de la majestueuse Praza do Comercio. Les badauds hurlent de rire : paquet se dit en portugais pacote, qui signifie aussi «postérieur». Le policier est visiblement embarrassé. Il a reçu l'ordre d'empêcher les deux gars de franchir le seuil du ministère mais il n'ignore rien de leur immense popularité et du fait que le sketch, filmé par un caméraman, va passer à la télé.
Qu'importe, Neto et Falâncio vont répéter leur numéro à une encablure de là, devant le ministère de l'Economie, puis devant la présidence du Conseil. A chaque fois, même gêne des gardes, même complicité du public. Les passants gloussent, des ouvriers interrompent leur chantier, des fonctionnaires cravatés braquent leur iPhone pour immortaliser le gag, une satire de la crise portugaise : le pays, au bord du gouffre, est placé sous l'égide d'institutions étrangères dont la classe politique ne serait que la marion