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Libération
grand angle

Chine. Du banc de touche au banc des accusés.

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Matchs truqués, arbitres marrons, paris clandestins… Depuis trois ans, Pékin fait le ménage dans le milieu du football, gangrené par la corruption.
publié le 7 mai 2012 à 20h16

Qingdao (sud-est de Pékin), septembre 2009. A une minute de la fin du match opposant le Sichuan Football Club au Hailifeng FC de Qingdao, plus rien ne semble pouvoir changer le score. Qingdao mène 3-0 et le ballon est en possession d’un de ses arrières. C’est alors qu’un arbitre assistant fait signe au gardien de s’avancer vers lui. A l’instant où celui-ci sort de ses cages, l’arrière se retourne brusquement et tire dans le but vide, celui de son équipe… Qu’il rate de quelques centimètres.

Lorsque, juste après, le coup de sifflet final retentit, le propriétaire de l'équipe de Qingdao, Du Yunqi, bondit de colère. Non pas en raison de la traîtrise de son arrière, mais bien parce que celui-ci a manqué son coup. «J'avais parié beaucoup d'argent ! Il devait y avoir quatre buts dans ce match, pas trois, crétin !» houspille Du Yunqi. «Le patron m'a passé un sacré savon… Il m'a dit que je n'étais même pas capable de truquer un match», devait raconter peu après le joueur à la télévision chinoise.

Condamné en février à sept ans de prison pour corruption et paris clandestins, Du Yunqi a avoué qu'il était rare que les matchs de son club ne soient pas truqués. «Le football chinois est pourri jusqu'à la moelle, assure Ren Jie, le président de la minuscule Association chinoise de lutte contre les paris clandestins dans le football (ACLPC). Quasiment tous les matchs sont truqués, presque tous les arbitres sont marrons, et tout le monde le sait.»

Dure réalité