L'opposition les appelle les «milices d'Ennahda» : ces citoyens, vus comme proches du parti islamiste, et qui s'érigent en gardiens de la bienséance, quitte à faire parfois usage de violence. Le 9 avril, des personnes en civil, la plupart très jeunes, se sont jointes à la police pour réprimer brutalement une manifestation de l'opposition sur l'avenue Bourguiba, alors interdite aux rassemblements par le ministère de l'Intérieur.
Une commission d'enquête parlementaire a été formée. Fin avril, le philosophe Youssef Seddik, penseur progressiste de l'islam, a été empêché de tenir une conférence. L'élue Maya Jribi, à la tête du Parti républicain, a été empêchée de visiter un quartier, cible d'une violente opération de police. Une réunion de l'association Doustourna, très active dans l'opposition, a été attaquée par «40 à 50 personnes», a raconté son président, Jawher ben Mbarek, lui-même agressé, lors d'une conférence de presse organisée par des associations et des partis, pour dénoncer cette multiplication des violences et le laxisme des autorités. «Le danger, c'est lorsque l'Etat ne remplit plus son rôle de garant de l'application de la loi», y a averti Yadh ben Achour, juriste et ancien président de la Haute Instance pour les réformes politiques, s'alarmant même du risque d'aller «vers une guerre civile».
Le ministère de l'Intérieur et Ennahda, qui domine le gouvernement de coalition, ont rappelé que seul l'Etat est légitime pour agir. Pointée