Le pétrole jaillit toujours avec une forte pression. Il a jeté tant de prospérité sur l'Algérie que le quotidien Liberté mettait en une, il y a un mois, son dossier économique intitulé «Comment sortir d'une économie droguée aux hydrocarbures ?» Pour répondre à cela, il suffit de prendre l'autoroute A1 entre Alger et Oran, soit près de 400 kilomètres, pour s'en désintoxiquer. Pas une station ni une aire de repos sur ce parfait couloir d'asphalte, construit par les entreprises chinoises de BTP et sur lequel roulent voitures neuves et vieux Berliet comme des éléphants de Babar. Avec ici et là des types avec un bidon à la main sur une mini-bande d'arrêt d'urgence. Tomber en panne au pays de l'or noir est chose courante, alors que l'essence, c'est le Yang-Tsé-Kiang de l'Algérie, son fleuve de brut.
A 50 km de la frontière marocaine, vers Tlemcen, c'est l'arrivée de pétrole qui s'est tarie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, pas une goutte de Tlemcen à Aïn Témouchent, au sud de l'Oranie. Près de là, une Renault hoquette, puis cale et meurt à 100 mètres de la pompe. Tahar, un chauffeur de taxi oranais, qui a bossé cinq ans «au noir» à Perpignan, sort de sa bagnole en claquant la portière : «Pays de merde !» Tout y passe : les frontaliers qui assèchent les stations de l'Oranie pour revendre le super aux Marocains voisins, le gouvernement qui ne pense «qu'à s'en foutre dans les poches en construisant des autoroutes sans pompes», les élection