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Libération

En Turquie, la fronde des islamistes anticapitalistes

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publié le 10 mai 2012 à 21h36

Ils se revendiquent Jeunes Musulmans anticapitalistes (Jmac). Pour la plupart, ce sont des étudiants, certains barbus, d'autres bien rasés, des filles avec ou sans foulard islamique. «Nous voulons mettre en avant la dimension sociale et "solidariste" de l'islam», explique Ihsan Eliacik, idéologue de ce mouvement qui défraie la chronique en Turquie. Ils sont sur le devant de la scène de tous les médias depuis leur participation à la marche du 1er Mai avec une banderole clamant en turc, kurde, arabe et arménien : «La propriété appartient à Allah.» Ils scandaient «Dieu, pain et liberté» ou «Nous ne voulons pas de musulmans voleurs», tout en appelant à la lutte «contre Pharaon». Autant de références visant très clairement l'AKP du Premier ministre Erdogan, le parti islamiste au pouvoir depuis 2002, qui a remporté pour la troisième fois consécutive les législative, en juin, avec 50% des voix.

Réunis devant une des grandes mosquées d'Istanbul, ils avaient d'abord prié pour «l'ensemble des personnes tuées lors des accidents de travail», avant de rejoindre la grande place de Taksim, où se tenaient les manifestations du 1er Mai. «Ces musulmans anticapitalistes lancent un avertissement sérieux à Erdogan, qui se réclame de l'islam mais ne se soucie plus des problèmes économiques et sociaux des millions de citoyens qui avaient voté pour son parti», estime Fehmi Koru, chroniqueur du quotidien Star,