Comme chaque semaine, Christopher Lauer, 27 ans, prend place autour d’une vaste table ronde, dans la salle du Parlement régional de la capitale allemande réservée aux réunions des groupes parlementaires. Chacun des quinze élus du groupe des pirates sort son ordinateur portable. Leur premier geste est de se connecter avec leur base. Chez les pirates, les élus ne prennent aucune décision sans l’aval de Liquid Feedback, le logiciel de la démocratie directe. Muni de son code d’accès, chaque membre du parti peut participer au débat politique - en direct ou par l’intermédiaire d’un délégué, à qui il aura confié sa voix - et avoir ainsi son mot à dire sur le travail de ses élus.
«En 2008, de retour de Chine où j'avais passé un an pour mes études, j'ai eu envie de m'engager en politique, raconte Christopher Lauer. Et j'ai découvert ce mouvement de jeunes gens intelligents qui voulaient que quelque chose change.» Quatre ans plus tard, le jeune homme siège au Parlement régional de Berlin.
Laboratoire politique. Inconnus du grand public il y a encore six mois, les pirates - mouvement politique inclassable plaidant la liquid democracy via Internet et parti de Suède en 2006 - sont en train de s'installer sur la scène politique allemande, comme avant eux les Verts dans les années 80, et Die Linke depuis la Réunification. Les pirates ont fait de Berlin leur principal laboratoire politique. En septembre, les nouveaux venus y raflaient 8,9% des voix