«Les socialistes seront jugés sur le chômage.» Mariano Rajoy, leader du Parti populaire (PP, droite), en avait fait un slogan de campagne lors des législatives de l'automne. Elections au cours desquelles les conservateurs ont atomisé le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, au pouvoir jusqu'en décembre). Arrivé dans la foulée au palais de la Moncloa, siège du gouvernement, avec une écrasante majorité (186 sièges, contre 111 pour le PSOE), Rajoy a mis en œuvre une partie du programme sur lequel il avait été élu : plan d'austérité drastique avec réduction des aides publiques, libéralisation du marché du travail, soutien financier aux banques, augmentation du prix de l'électricité et du gaz, soumission aux diktats de la Banque centrale européenne, coupes claires dans les budgets de la santé, de l'éducation et des régions dont une majorité est déjà en déficit chronique…
Rien n'y fait. La libéralisation du marché du travail et les facilités accordées aux entreprises pour se défaire de leurs salariés précipitent le pays dans une spirale de plans sociaux. Aujourd'hui, près d'un quart de la population active est privée d'emploi et donc obligée de se réfugier dans la chapu, le travail au noir. Les prévisions les moins pessimistes tablent sur un total de 500 000 chômeurs en plus d'ici à la fin de l'année, portant à 5,7 millions, voire 6 millions, le nombre d'Espagnols dans l'attente d'un emploi. Avec un taux de chômage de 48%, ce sont les jeunes qui pâtissent le pl