Dans le petit jardin d’enfants bordé de vieux logements sociaux, les balançoires vibrent au bruit des moteurs de grues pelleteuses et d’un camion à benne. Trois hommes s’activent sur un chantier d’un genre spécial, devenu aujourd’hui ordinaire dans la ville de Fukushima : le petit parc n’est plus une aire de jeux mais de décontamination.
Alors que le Japon vit sans énergie atomique depuis l'arrêt, le 5 mai, du dernier de ses 50 réacteurs, la région de la centrale sinistrée par le tsunami de mars 2011 n'en finit plus de nettoyer les retombées de la catastrophe nucléaire. «Les autorités exigent à présent qu'on décontamine un maximum de terrains, explique Mitsushi Yoshida, le chauffeur d'un engin envoyé d'ordinaire sur des chantiers de construction. On travaille donc tous les jours à décaper le sol. C'est épuisant, mais on n'a pas le choix. Ici, la ville a détecté 2 microsieverts par heure [17 millisieverts par an, ndlr]. On ne peut pas garder les terrains dans cet état.» Etrange travail. La terre irradiée par l'accident de la centrale, à 60 kilomètres au nord-ouest de la ville, ne peut être ni détruite ni expédiée ailleurs. La décontamination consiste donc à l'enfouir sur le lieu même de sa découverte. Une pelleteuse creuse le sol, retourne la terre, la dépose dans la benne du camion, lequel la déverse ensuite dans un trou béant qui sera rebouché en fin de journée.
« Décontaminer, c'est la priorité, explique Osamu Kanda, un responsabl