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Libération
Reportage

Haïti : le «président-chanteur» réveille les démons politiques

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Instabilité et corruption menacent toujours un pays meurtri par le séisme de 2010.
Un jeune homme court sous la pluie dans le centre-ville de Port-au-Prince, Haïti, le 11 mai 2012. (Photo Allison Shelley pour Liberation)
publié le 14 mai 2012 à 20h06

Au cœur de la ville, la majorité des tentes a disparu. Comme un symbole, le Champ-de-Mars, la plus grande place de la capitale, Port-au-Prince, juste à côté du palais présidentiel toujours éventré, essaie de retrouver un semblant de normalité. Toutefois, pour ceux qui vivent encore sous les bâches, entre détritus et gravats, la réalité est toujours la même. «Oui, plein de gens sont partis parce que le président Martelly leur a donné de l'argent, lâche Jean-Pierre, 22 ans. Mais il n'y en avait pas pour tout le monde. Moi, je suis ici depuis le tremblement de terre. Je n'ai plus rien. Je ne crois plus aux promesses et surtout pas à celles des politiciens.»

Plaie. Un an jour pour jour après l'investiture de son «président-chanteur», Haïti n'a pas le cœur à la fête. Candidat populaire et populiste, élu sur la promesse d'un vaste changement dans le sillage dévastateur du séisme de janvier 2010, Michel Martelly, l'ancienne star du compas, la version haïtienne du hip-hop, n'a pas vraiment convaincu. Son enthousiasme naturel n'a pas suffi à faire bouger grand-chose, et certains s'inquiètent de voir le pays retomber dans ses pires travers, entre instabilité et crises à répétition. Avec un parti ne disposant que de trois sièges de députés, le Président a dû batailler près de cinq mois pour désigner un chef de gouvernement, Garry Conille, avant que ce dernier ne démissionne en février. Début mai, «Sweet Micky», comme on l'appelait du temps de ses conce