C'est une Angela Merkel affaiblie politiquement qui a reçu François Hollande, hier. «Nous avons pris un coup de massue», a reconnu dès dimanche soir le fidèle Peter Altmaier, député conservateur proche de la chancelière. Certes, la défaite de la CDU en Rhénanie-du-Nord-Westphalie était annoncée. Cette région vote traditionnellement à gauche. Mais personne n'avait prédit une telle progression des sociaux-démocrates, à l'heure où une partie de l'Europe se révolte contre le diktat des marchés et l'orthodoxie budgétaire prônés par Berlin. En Rhénanie, un des Länder les plus déficitaires du pays, les sociaux-démocrates au pouvoir avec les Verts ont poursuivi au cours des deux dernières années leur politique d'investissements, notamment en matière d'éducation, plutôt que de chercher à réduire la dette du Land. En leur accordant la majorité absolue, les électeurs de Rhénanie ont désavoué explicitement la stratégie de rigueur budgétaire incarnée par la coalition CDU-CSU et FDP (chrétiens-démocrates et libéraux) au pouvoir à Berlin.
Prix fort. Merkel était déjà en fragile posture avant le vote de dimanche. L'opposition bloque au Bundesrat (la Chambre représentant les Länder) un certain nombre de textes importants pour le gouvernement, comme la réforme fiscale voulue par les libéraux. Cela laisse présager de nouvelles difficultés pour l'adoption par le Parlement allemand, prévue pour fin juin, du Mécanisme européen de stabilité (MES) et surtout du pacte fiscal