Ce procès de Ratko Mladic, le chef militaire des Serbes de Bosnie, beaucoup l’attendaient depuis seize ans. Pour que justice soit faite, bien sûr, mais surtout pour comprendre. Le massacre de Srebrenica, en juillet 1995, avec l’exécution, après la conquête par les forces serbes bosniaques de cette enclave musulmane (slaves islamisés à l’époque ottomane) de l’est de la Bosnie placée sous protection des Nations unies, constitue le plus gros crime de masse commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
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Cette tuerie de 8 000 hommes - civils, des jeunes comme des vieillards -, qualifiée de «génocide» dans l'acte d'accusation du Tribunal pénal international de La Haye reste à bien des égards mystérieuse. Non pas dans le déroulé des faits et de la froide mécanique de l'extermination que les enquêteurs, dont le Français Jean-René Ruiz, ont méticuleusement reconstitué : les femmes et les enfants ont été chassés en car vers les territoires sous contrôle de l'armée bosniaque. Les hommes ont été mis à part puis froidement exécutés dans des granges, des hangars, ou en plein champs au bord de fosses creusées par des bulldozers. Puis, deux mois plus tard, les forces