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Libération
Reportage

A Kragujevac, le règne du désarroi

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Dans la ville serbe, la présidentielle de dimanche n’enchante pas, à cause du chômage et malgré la venue de Fiat.
publié le 17 mai 2012 à 20h26

Ce devrait être la ville la plus heureuse de Serbie. Kragujevac ne vient-elle pas de décrocher «l’investissement du siècle», l’arrivée de l’italien Fiat dans les anciennes usines automobiles Zastava ? Pourtant, à chaque pas, on ne rencontre que des mécontents. Deux à trois cortèges de grévistes tournent chaque jour au centre-ville en ces jours de campagne électorale où le président démocrate Boris Tadic cherche à décrocher un nouveau mandat. Douze ans après la révolution qui a mis fin à la dictature de Slobodan Milosevic et à sa cohorte de guerres, la présidentielle se joue pour la première fois sur l’économie.

En 2008, Boris Tadic avait été élu en promettant l’Europe et des investissements. Au premier abord, c’est chose faite. La Serbie a rejoint la liste des pays candidats à l’adhésion à l’UE début mars, et la toute nouvelle usine Fiat destinée à assembler la version allongée de la Fiat 500 a été inaugurée le 16 avril. Un bilan dont Tadic pourrait se féliciter s’il n’était pas assombri par le ralentissement de la croissance et la montée du chômage, des faits que ne cesse de mettre en avant son éternel rival, Tomislav Nikolic, un natif de Kragujevac devenu le champion d’un nouveau populisme.

Escroquerie. La nouvelle usine Fiat, qui fonctionnera avec 2 400 ouvriers, plus les sous-traitants, reste pour beaucoup d'habitants de Kragujevac un mirage. «On n'y embauche pas d'ouvriers âgés de plus de 35 ans», dit Zivorad Milanovic, 53 ans, charpentier au chô