Le président Hollande a l'opportunité de modifier le cours tragique des événements en Afghanistan pour diriger enfin ce pays vers la stabilité et rappeler par la même occasion la singularité de la France. Il lui faut admettre l'échec de la mission civile de l'ONU, la Manua, et de la mission militaire, la Fias, confiée depuis 2003 à l'Otan. La première a mis en œuvre un modèle politique centralisé avec des gouverneurs désignés par le président Karzaï et ses mentors pour imposer l'ordre de Kaboul. La seconde, au service de la première, aura tout essayé : de la distribution de brouettes et de médicaments aux opérations psychologiques douteuses, en passant par les assassinats «ciblés», les opérations «spéciales».
La dernière idée des généraux de l'Otan est la mise en chantier d'un Etat policier avec des centaines de milliers de fonctionnaires afghans composant des «forces de sécurité nationales» censées réussir là où l'alliance militaire la plus puissante de tous les temps échoue malgré ses moyens sophistiqués et son écrasante domination aérienne. Cette stratégie dispendieuse, qui inscrit l'Etat afghan dans un endettement structurel et laisse la portion congrue aux autres dépenses publiques, est la conséquence des errements d'une communauté militaire qui refuse ses responsabilités dans l'essor de l'insurrection, qui trompe les opinions publiques (ce serait «une guerre de l'information») et qui justifie ses mauvais résultats par un «manque de vol