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Libération

En Israël, l’écrivain algérien Boualem Sansal brave les tabous arabes

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publié le 17 mai 2012 à 21h36

Un petit sourire flottant sur les lèvres, de longs cheveux gris-blanc attachés dans le dos, Boualem Sansal vient de prendre place au milieu d'un cercle d'auteurs venus échanger leurs vues et leurs histoires au Festival international des écrivains de Jérusalem. Derrière lui, en majestueux paysage de fond, serpente la muraille de la vieille ville. «Les élites intellectuelles ne sont pas encore arrivées à s'autonomiser du pouvoir dans les pays arabo-musulmans. Et dans cette culture, on a trop sacralisé les choses, que ce soit l'Etat, qui fait office de calife, ou la religion», dit l'écrivain algérien.

L'auteur du Serment des barbares, de Poste restante… et du Village de l'Allemand a maintes fois fait la preuve de son indépendance d'esprit. Plusieurs de ses ouvrages sont d'ailleurs interdits dans son pays. Mais en se rendant en Israël, il a franchi un pas de plus. «Ce n'est pas un voyage facile, confie-t-il. Il y a eu une levée de boucliers, notamment de la part du Hamas à Gaza, qui a sorti un communiqué incroyable demandant à tous les pays arabes de me boycotter.» Qu'à cela ne tienne, Boualem Sansal obéit «à ce qui se passe dans [sa] tête» et à personne d'autre. Fidèle à son statut d'intellectuel engagé, il relève, face à un public conquis : «Il faut affronter le danger. Si tu le fuis, il te rattrape, si tu l'affrontes, tu as une chance de gagner.»

La soixantaine passée, Sansal ne pensait pas un jour venir en