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Libération
TRIBUNE

Prisonnière au Cameroun

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par Christian Charrière-Bournazel, avocat au Barreau de Paris et Caroline Wassermann, avocat au Barreau de Paris
publié le 17 mai 2012 à 19h06

Une avocate franco-camerounaise, Lydienne Yen Eyoum, croupit depuis le 10 janvier 2010 dans l’ignoble prison de N’Konguendi, à Yaoundé au Cameroun. Elle partage une cellule de 12 m² avec une quinzaine de codétenues. La chaleur y est étouffante. Elle subit les hurlements d’autres détenues enchaînées ou battues, doit souffrir en permanence la compagnie des cafards, des rats et des serpents.

Son crime ? Avoir obtenu la condamnation d’une banque à payer à l’Etat camerounais 5 milliards de FCFA. Sous prétexte qu’elle aurait sollicité des honoraires trop élevés (qu’elle n’a pas perçus), elle a été arrêtée tandis que l’Etat, en dépit du jugement définitif qui lui était favorable, choisissait de rembourser 2 milliards à ladite banque ! Lydienne Yen Eyoum a sollicité à plusieurs reprises sa remise en liberté, en vain. Les appels qu’elle a formés contre les refus du juge n’ont donné lieu à aucune audience publique ni même contradictoire. Selon le code camerounais, sa détention provisoire aurait dû cesser au bout de dix-huit mois, soit le 10 juillet 2011. Malgré les demandes de ses avocats, elle reste enfermée. Aucune décision de justice n’a été rendue qui justifierait son maintien en détention. Elle attend vainement d’être jugée. Nous avons interpellé le chef de l’Etat camerounais, en vain, en nous assurant qu’il avait eu connaissance de nos lettres. Notre code donne compétence aux magistrats français pour juger les crimes commis par des étrangers hors du territoire dès lors que la vic