Alors que l'Europe va être au cœur de son quinquennat et contraindre la plupart de ses choix internes, François Hollande a envoyé des signaux contradictoires sur la politique qu'il entend mener. Si la désignation comme Premier ministre du germanophone et pro-européen Jean-Marc Ayrault a été très bien accueillie par ses partenaires, les nominations de Laurent Fabius aux Affaires étrangères et de Bernard Cazeneuve aux Affaires européennes, deux socialistes qui ont mené la bataille du «non» lors du référendum de mai 2005 sur le traité constitutionnel européen, ont jeté un froid. «Incroyable de retrouver Fabius à cette place», commente, sidéré, Daniel Cohn-Bendit, le coprésident du groupe Verts au Parlement européen. Personne n'a oublié, à Bruxelles, que l'ancien Premier ministre a joué l'avenir de l'Europe, non par conviction, mais pour satisfaire ses ambitions personnelles…
«Domaine réservé». Fabius et Cazeneuve ne sont d'ailleurs pas les seuls eurosceptiques du gouvernement. Outre Christiane Taubira à la Justice, il compte aussi Arnaud Montebourg au Redressement productif, Benoît Hamon à l'Economie sociale et Alain Vidalies aux Relations avec le Parlement. Si le souci de François Hollande de ne pas écarter les nonistes du gouvernement au risque d'en faire des opposants internes juste avant les législatives est évident, il faut aussi noter qu'il les a placés à des postes où, en réalité, ils n'auront guère de prise sur les affaires européennes. En effet