Maître de conférences en géographie et photographe urbain, Manuel Appert étudie l’utilisation de l’architecture dans la gouvernance urbaine. Il suit de près les aménagements liés aux Jeux olympiques qui se tiendront dans la capitale britannique du 27 juillet au 12 août. Il détaille ici les bouleversements subis par le quartier de Stratford, alors que la flamme olympique arrive ce week-end en Grande-Bretagne.
Pour la troisième fois, les JO se tiennent au Royaume-Uni, quelles sont les particularités de cette édition 2012 ?
Jusqu’à présent, les Jeux olympiques ont toujours été organisés à l’ouest de Londres, où se trouvent les principaux équipements sportifs (Wimbledon, Wembley…). Cette fois, tout se passe à l’est. C’est un peu comme si, en France, on décidait d’organiser les JO en Seine-Saint-Denis, comme c’était d’ailleurs prévu. Les politiques britanniques ont eu un discours très négatif sur le quartier de Stratford, en décrivant une zone sinistrée alors que ce n’était pas tout à fait le cas. De la même manière que des gens qui ne seraient jamais allés à Bondy prétendraient qu’il n’y a rien à sauver. Ces JO sont un peu l’alibi pour mettre en place un agenda très libéral.
A quoi ressemblait Stratford ?
C’était avant tout un quartier industriel et artisanal. Des activités très variées : à la fois des tanneries, des fumeurs de saumon… C’était surtout un grand centre logistique, avec un terminal ferroviaire de marchandises qui approvisionnait la ville. On ne manquait pas d’emplois, plutôt industriels, ce qui n’était plus à la mode ces vingt dernières années. Au moment des expropriations, on s’est aperçu qu’on avait aussi fa