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grand angle

Cuba, l’insécurité alimentaire

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Face à une production insuffisante, La Havane tente de réformer le secteur agricole sans renier les acquis castristes. Plongée dans un système à bout de souffle.
Des fermiers plantent des haricots noirs dans un champs près de La Havane. (Photo Desmond Boylan. Reuters)
publié le 21 mai 2012 à 23h56

«Eh là, c'est mon tracteur !» Sourire un peu narquois aux lèvres, Miguel Izquierdo désigne d'un vaste mouvement de bras le bœuf tout en muscles qui se protège du soleil dans son abri au toit de palmes. Autour de l'enclos, une dizaine de parcelles de terre rougeâtre sont séparées par des rangées de plants de maïs. «Les épis attirent les insectes et les moucherons, ce qui nous évite de traiter chimiquement les semis», explique Miguel, l'un des 140 agriculteurs associés sur 215 hectares dans la Coopérative Leonor-Perez de la municipalité La Lisa (province de La Havane). A une trentaine de kilomètres de la capitale, La Havane, il cultive environ 3,5 hectares de carottes, tomates, haricots, salades, avocats ou goyaves. Deux vaches pour le lait, une dizaine de cochons pour la viande, un poulailler et quelques clapiers : le tour de la propriété est vite fait.

Traction animale

Bottes en caoutchouc, téléphone portable à la ceinture, Izquierdo insiste sur la qualité des dix tonnes de fruits et légumes que sa coopérative livre chaque jour aux hôpitaux, écoles et centres sociaux de la région. «Tout est écologique, se félicite-t-il en égrenant presque amoureusement le compost bien décomposé qu'il s'apprête à répandre lors d'un prochain labour. Je fume la terre avec ces déchets ménagers ajoutés aux bouses de mes vaches et du bœuf.» Tout «l'avantage de la traction animale» dans les champs, comme la vantait déjà, il y a une vingtaine d'années, l'ex-dirigeant cubai