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Portrait

Aboul Foutouh, le grand écart d’un franc-tireur

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L’ancien Frère musulman rassemble à la fois salafistes et révolutionnaires.
Aboul Foutouh salue ses partisans lors d'un meeting au Caire, le 18 mai 2012. (Photo Asmaa Waguih. Reuters)
publié le 22 mai 2012 à 20h56

Islamiste et révolutionnaire, Abdel Moneim Aboul Foutouh n’a l’air ni de l’un ni de l’autre. Cheveux blancs, barbe fine, costumes sobres et petites lunettes, cet homme de 60 ans ressemble plutôt à un technocrate, sérieux, sûr de lui, presque gris. Ce candidat indépendant, qu’on présente parfois comme le Recep Tayyip Erdogan égyptien, entend faire la synthèse de toutes les forces révolutionnaires, des libéraux aux salafistes. Crédité de 15 à 20 % des voix, il fait désormais trembler les militaires et les fantômes de Moubarak. Il rend surtout rouge de colère la confrérie des Frères musulmans dont il a longtemps été l’un des dirigeants avant d’en être exclu en juin 2011, lorsqu’il a annoncé sa candidature à la présidentielle. A l’époque, ils étaient peu à croire en ses chances. Aujourd’hui, presque tous les sondages le placent en seconde position, derrière Amr Moussa mais devant Mohammed Morsi, le candidat de la confrérie. Même si ces études d’opinion sont à prendre avec précaution, Aboul Foutouh a d’ores et déjà réussi son pari. Il a su faire bouger les lignes en montrant que la vie politique égyptienne ne se résumait pas à une alternative entre islamistes et libéraux.

Clairvoyance. Vendredi soir, pour son dernier meeting de campagne, il a réuni sur une même scène le cyberdissident Wael Ghonim et le salafiste Nader Bakkar, jeune porte-parole du parti Al-Nour. Qu'y a-t-il de commun entre le cadre de Google, créateur de la page Facebook où les manifestants se son