Des camions aux remorques remplies d’immenses sacs-poubelle foncent dans les ruelles sablonneuses de Manchiet Nasr, quartier informel en périphérie du Caire. On le surnomme «Garbage City» car la plupart des gens qui y vivent, des Coptes essentiellement, travaillent dans le tri ou le recyclage des déchets. Sur les murs, les fresques représentant le Christ ou la Vierge dans un style naïf côtoient les photos géantes du pape Chenouda III, disparu en mars. Çà et là, on trouve aussi quelques affiches déjà jaunies des législatives de cet hiver. Mais presque rien n’évoque l’élection présidentielle. Les 6 à 8 millions de Coptes d’Egypte se désintéressent-ils de ce scrutin où aucun candidat chrétien ne concourt ?
Blindés. «Je ne lis pas les journaux et je ne regarde pas la télévision, ça ne me concerne pas», marmonne Boutros, petit patron d'une entreprise de recyclage. Il attend l'avis du prêtre pour se décider. Pour l'heure, il penche vers Ahmed Chafiq, le candidat de l'armée. Il hausse les épaules quand on lui demande comment il peut voter pour cet ancien général, symbole d'une armée qui, en octobre dernier à Maspero, avait foncé avec ses blindés dans une manifestation copte faisant 27 morts. Une telle indifférence peut paraître étonnante alors que les enjeux semblent majeurs pour l'avenir de l'Egypte. Boutros se justifie : «Depuis un an, rien n'a changé pour nous. Moi, j'essaie de partir aux Etats-Unis mais les démarches administratives sont vraiment c