Participer à des manifestations «improductives, contraires à la loi ou troublant l'ordre public» est désormais haram, illicite, pour les musulmans de Malaisie. Ainsi en a décidé, le 7 mai, le Comité national de la fatwa (CNF), secoué par l'onde de choc du rassemblement pour des élections «propres et justes» de près de 100 000 personnes, le 28 avril, à Kuala Lumpur. «Personne ne peut soutenir quelque initiative provoquant nuisance, anxiété et malaise chez les musulmans au point que la communauté puisse en être scindée», a déclaré Abdul Shukor Husin, président du CNF. Qui a ajouté que l'islam prohibe «les intentions de renverser un gouvernement dûment élu en organisant de telles manifestations».
Le rassemblement Bersih 3.0 («propre», en malais), du nom de la coalition d'ONG à l'origine du mouvement, avait débuté dans la bonne humeur pour se disperser dans les gaz lacrymogènes au cours d'affrontements. Le Premier ministre, Najib Razak, avait accusé les manifestants, soutenus par l'opposition, de vouloir prendre le pouvoir par la force. Des éléments de langage repris quasiment mot pour mot par le CNF. «En Malaisie, des fatwas sont énoncées pour des raisons politiques à chaque fois que les élites dirigeantes ont besoin de justifier leur action d'un point de vue religieux», explique Ahmad Fauzi Abdul Hamid, professeur associé de sciences politiques à l'université des sciences de Malaisie. Cette fatwa exposera de prochai