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Saga anar

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Le cahier Livres de Libédossier
Bouffeurs de curés, ascètes, soldats… les combats des libertaires espagnols
publié le 23 mai 2012 à 19h07

Pendant quelques mois, l'immense campement des Indignés de la Puerta del sol de Madrid sembla ressusciter le vieux rêve libertaire hispanique. «Au départ, ces Indignados de 2011 démontrèrent qu'ils étaient par certains côtés et mutas mutandis les "dignes rejetons" de la tradition anarchiste espagnole, de la tradition syndicaliste révolutionnaire ou tout simplement de cette volonté démocratique et égalitaire que l'on voit cheminer comme un fleuve souterrain, durant les cinq derniers siècles de l'histoire espagnole», note Edouard Waintrop en épilogue de sa foisonnante histoire de l'anarchisme espagnol, relevant néanmoins que «ces Indignados ont depuis montré une impuissance préoccupante, qu'ils ont essayé de dépasser avec des formules politiques et économiques qui manquent singulièrement d'imagination».

Dans cette geste, l'ex-journaliste culturel de Libération (aujourd'hui délégué général de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes), passionné depuis des années par le sujet, montre la grandeur mais aussi les limites de l'utopie libertaire et d'un communisme anti-autoritaire dans ce pays qui fut sa terre de prédilection. A la fin du XIXe siècle, ce courant était très puissant en Russie comme en France ou en Italie. «Ce n'est qu'à partir de la Première Guerre mondiale que les libertaires ont perdu leur importance dans la plupart des classes ouvrières organisées du monde occidental», relève Edouard Waintrop. Dès lors, l'histoire de l'Es